Vaincre le trac en public

Qu’on soit professionnel ou amateur, le trac peut mener la vie dure à tout musicien dès lors qu’il se produit sur scène.

Dans le cadre de l’événement créé par Angélique du blog Apprendre la flûte traversière, voici ma contribution sur le sujet : « Vaincre le trac en public ».

Cet article est un petit tour d’horizon de ce qu’est le trac. Vous trouverez aussi mes petites astuces personnelles pour en faire un allier plutôt qu’un ennemi des prestations en public.

Les manifestations du trac

D’après le dictionnaire Larousse, le trac est une « Peur ou angoisse irraisonnée que quelqu’un éprouve au moment de paraître en public, de subir une épreuve, d’exécuter un exercice dangereux, etc. »

Ses manifestations physiques seront donc plus ou moins les mêmes que celles de la peur :

• rythme cardiaque qui accélère
• mains moites et/ou qui tremblent
• difficultés à respirer
• gorge sèche et/ou nouée
• nœuds dans le ventre
• etc.

Du côté du mental, on aura plutôt des pensées centrées sur la peur :

• d’être jugé.e
• de faire une ou des erreurs
• de rougir
• de bégayer
• de bafouiller
• etc.

Comment réagir face au trac

Je ne suis pas spécialiste et je ne peux pas vous promettre une démarche qui vous libérera du trac pour toujours. Toutefois, je partage avec vous mes petites astuces. Celles qui me permettent de relâcher un peu la pression et qui pourront également vous permettre d’affronter vos peurs plus sereinement.

C’est normal d’avoir le trac

Avoir de l’appréhension, ressentir de la peur avant de jouer de son instrument en public est tout à fait normal. De nombreux professionnels, malgré des années d’expérience, ressentent toujours ce sentiment au moment de monter sur scène. Dans la plupart des cas, ils ont appris à vivre avec cette peur, voire à la transformer en moteur pour être plus performant encore.

Ainsi, le trac n’est pas un problème. En revanche, penser que le trac est un problème en est un…

D’ailleurs, plus vous jouerez souvent en public et plus vous serez armé devant la situation. C’est une habitude à prendre.

Bien se préparer en amont

Même si cela n’empêche pas d’éprouver de la peur, être bien préparé.e, bien connaître les morceaux que l’on va jouer, les structures, les différentes parties à jouer, mais aussi avoir révisé son matériel, avoir des baguettes ou des peaux de rechange (quand on est batteur) peut vous ôter un poids supplémentaire des épaules.

Si un maximum de situations embarrassantes peuvent être évitées ou résolues rapidement, la peur de voir ses situations se produire diminue tout autant.

Ainsi donc apprenez vos morceaux sur le bout des doigts, vérifiez les parties critiques de votre instrument. Et si possible soyez en bonne relation avec l’équipe technique du lieu dans lequel vous jouez (s’il y en a une) et la personne responsable de l’organisation de l’événement ou toute personne qui pourra vous venir en aide en cas de problème.

Se donner le droit à l’erreur

Une pensée qui m’a réellement libéré de mon trac a été de me donner le droit à l’erreur.

Que va-t-il vraiment se passer si vous faîtes une erreur ?

Allez-vous mourir sur place dans d’atroces souffrances ?

Le public va-t-il se ruer sur vous pour vous dépecer vivant.e ?

Certainement pas.

Imaginez la situation inverse. Comment réagissez-vous quand un musicien se trompe devant vous ?

Dans la plupart des cas, les erreurs passent inaperçues aux yeux et aux oreilles de la majorité des personnes du public. Pour renforcer encore ce principe, apprenez à faire comme si tout était normal et prévu même quand vous faîtes une erreur.

Sur scène, pour les musiciens, les erreurs se voient plus qu’elles ne s’entendent.

Et pour celles trop flagrantes pour passer inaperçues, prenez les choses avec humour. Ce n’est pas la fin du monde, le spectacle doit continuer 😉

Faire comme si (ce n’était qu’une répétition de plus)

Un autre petit truc à moi est de me mettre dans l’état d’esprit que je peux avoir pour une simple répétition. Finalement, mon boulot derrière mon instrument n’est pas différent, c’est l’environnement qui change. Donc, si je ne change pas la façon dont je me comporte, il n’y a pas de raison que ça se passe plus mal que lors des répétitions… Logique !

Il faut dire que j’ai mis quelques années à développer ce fonctionnement. Et je n’y arrive pas encore à tous les coups.

Toutefois, lorsque j’atteins cet état d’esprit, en général, je suis beaucoup plus détendu et je réussis mieux ma prestation.

Alors, demandez-vous : « Qu’est-ce qui change vraiment entre les répétitions et l’événement public » ?

Vous serez sous l’attention du public, c’est un point sur lequel vous n’avez pas de contrôle.

N’y a-t-il jamais personne qui vous regarde/écoute lorsque vous êtes en répétition ?

Comme je le disais plus haut, ce qui change vraiment c’est l’environnement et ce sur quoi vous focalisez vos pensées.

Ce dont vous êtes capable n’en sera pas diminué à moins d’être convaincu du contraire.

Respirer

Lorsque la pression monte et que je sens la peur me gagner, je m’oblige à respirer profondément. Il est très important de bien libérer complètement l’air emmagasiné dans les poumons pour se détendre.

Quelques minutes avant de monter sur scène, n’hésitez pas à vous échauffer tranquillement tout en vous concentrant sur votre respiration.

L’échauffement consiste en des exercices simples que vous réussissez facilement. Ceux-ci vont mettre en action les muscles dont vous avez besoin pour jouer de votre instrument.

Ainsi, vous pouvez focaliser votre mental sur quelque chose de positif. Et ça pourra vous mettre en confiance pour la représentation pour laquelle vous vous préparez.

Rire et lâcher prise

Parfois, pour me changer les idées et ne pas rester focalisé sur la prestation publique à venir, j’aime aussi discuter de sujets totalement différents avec des personnes avec lesquels je me sens à l’aise. Ça peut être les membres de mon groupe, des amis ou parents qui sont venus me voir.

Par expérience, je sais que je me reconcentre sur la musique plutôt facilement. Certaines personnes pourront avoir du mal à passer d’un sujet à l’autre rapidement et auront besoin d’un temps pour se concentrer avant de monter sur scène. Pour moi, ça permet de stopper les pensées qui tournent en boucle et qui alimentent la peur.

Regarder les cintres en montant sur scène

En bonus, je vous donne cette astuce qui m’a été partagée par un pédagogue lors d’une formation sur la prise de parole en public. Il l’avait lui même reçue lorsqu’il prenait des cours de théâtre : regarder les cintres au moment de monter sur scène.

Qu’est-ce que ça signifie ?

Sur une scène de théâtre mais aussi de concert, il y a tout une structure permettant de soutenir les rideaux, lumières, décors, etc. C’est ce qu’on appelle les cintres.

Regarder les cintres, c’est lever la tête vers le ciel.

Pourquoi donner ce conseil ?

Lorsqu’on a le trac, on a tendance à regarder ses pieds. On se met alors dans la position de l’enfant qui se fait gronder (par exemple). En relevant la tête, on renforce sa confiance en soi en s’affirmant physiquement en premier lieu. En agissant ainsi, on permet au mental de suivre la même voie.

Essayez lors de vos répétitions de vous mettre en place la tête basse, regard en direction des pieds. Puis refaite la même chose en gardant la tête haute. Vous devriez vous sentir différemment au moment de commencer à jouer.

Il est naturel d’éprouver du trac lorsqu’on se produit en public. Même les plus grands artistes professionnels connaissent ce sentiment.

J’espère avoir ouvert quelques pistes de réflexion chez vous en partageant ma façon de réagir face au trac en public.

Si vous pensez que ces conseils peuvent aider une personne de votre connaissance, vous êtes libre de partager cette page.

Cet article participe à l’événement inter-blogueurs “Vaincre le trac en public”  organisé par le blog apprendre-la-flute-traversiere.com ; merci à Angélique pour cette idée inspirante.